Épuisés

OUVRAGES ÉPUISÉS
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Maurice Darmon
LE CINÉMA DE MARGUERITE DURAS 5 TOMES.

tous épuisés

I.
La forêt des dames


  Après le premier film d'Alain Resnais, Hiroshima mon amour (1959), et diverses adaptations de ses romans, Marguerite Duras seconde Michel Mitrani pour Sans merveille (1964), qui porte sa marque, même si elle considère La musica (1966) comme son premier film: deux histoires d'amour romanesques et privées. Puis, dans l'innocence technique et la pauvreté volontaire de moyens mais pour mettre en œuvre son urgence et sa colère politiques, elle se saisit de la caméra sans reprendre la plume de l'écrivain pendant vingt ans.
 Dans le fil des événements de 1968 naissent Détruire dit-elle (1969) et son second volet Nathalie Granger (1972). Entre ces deux films, le huis clos du rare  Jaune le soleil (1972) inscrit sa fable sur le passé et le présent des totalitarismes européens. Cinq damiers où de magnifiques actrices — Alexandra Stewart, Delphine Seyrig, Julie Dassin, Nicole Hiss et Catherine Sellers, Jeanne Moreau et Lucia Bosè — osent poser des mots et des gestes sur leurs désarrois intimes et civils, en accueillant sans réserve les hommes tels qu'ils sont pour cheminer coûte que coûte à l'orée de leurs désirs. Où montent peu à peu la stature de Michael Lonsdale et le nom de Stein.

130 pages, 59 images, 2015.





II
La trilogie Anne-Marie Stretter




  Vingt ans durant (1964-1985), Marguerite Duras a fait vingt films. Pendant cette moitié de sa vie productive, elle n'a écrit que des scénarios ou des travaux préparatoires à ses œuvres de cinéma, suspendant son travail romanesque, jusqu'à L'Amant et l'abandon définitif de la caméra. 

  Aujourd'hui encore, des superstitions de l'écrit, des traditions d'étude et des conformismes de critiques littéraires et cinématographiques occultent cette réalité massive: loin d'être un écrivain qui joue avec le cinéma pour porter des textes à l'écran, Marguerite Duras est une cinéaste à part entière qui, par ses audaces esthétiques, politiques et formelles, plus profondes peut-être que celles qu'elle mit en œuvre littéraire, révolutionne l'usage de l'image et du son, sur l'instant et durablement.
  Installé dans le cinéma en couleur après cinq films domestiques qui feront l'objet du tome I, La femme du GangeIndia song et Son nom de Venise dans Calcutta désert constituent longtemps le cœur battant de toute cette entreprise, avant le tournant décisif du Camion. Fusionnant et réorganisant les moments visuels et sonores de deux romans anciens qui affirmèrent sa présence singulière dans la littérature moderne, Le vice-consul et Le ravissement de Lol V. Stein, elle organise, sous couvert d'Orient, une mise en perspective de l'état de l'Europe depuis 1937, les dictatures, l'extermination des juifs, Hiroshima. Fascination de la destruction progressive d'une civilisation, ou sourde et vivante affirmation de ce qu'en dépit des constats l'art et toute création peuvent encore nous laisser espérer?

102 pages, 39 images, 2015.




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 III
Les chambres noires


   Après la situation extrême de Son nom de Venise dans Calcutta désert, Marguerite Duras éprouve la nécessité de renouer avec les acteurs, la narration et le dialogue. D'où ce recours à d'anciens textes écrits en 1965: Des journées entières dans les arbres (à partir d'une nouvelle de 1954) et Suzanna Andler, d'où elle tire le scénario de Baxter Véra Baxter. Dans des huis clos intimes — un appartement, un dancing, une maison de villégiature — elle anime des femmes, des conflits de paroles, de corps et de silences tendus en réalité par le colonialisme, la condition féminine, la prostitution, les oppositions de classe et l'argent. Après cet apparent détour, c'est au sein de sa propre maison qu'elle repart à l'assaut du cinéma: celle-là même qui, dans Nathalie Granger, a donné naissance à Gérard Depardieu, devenu la star virtuose emblématique de la force vitale, le cloue sur une chaise et l'amène à lire un texte, tandis qu'un camion bleu sans visible présence humaine sillonne la région parisienne, ses déserts, ses friches, ses routes, ses trains et ses spectres.

104 pages, 34 images, 2016.


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IV
Ténèbre capitale

   Sur les cinq films d'inégale durée que Marguerite Duras tourne dans cette année 1979, si singulière dans son œuvre cinématographique, quatre franchissent le seuil du bois de Boulogne et entrent pour la première fois dans Paris pour la traverser d'est en ouest. Elle parcourt en voiture les berges du fleuve, les façades, les avenues et ses places, les tombes du Père-Lachaise aussi dans Le Navire Night, s'abandonne à la photogénie solaire des statues des Tuileries avec Césarée, puis se remet en chemin à la rencontre des balayeurs et des travailleurs de l'aube sur les grands boulevards dans Les mains négatives. Et c'est en péniche que, pour Aurélia Steiner Melbourne, d'amont en aval elle traverse la capitale sur les eaux de la Seine et sous les pierres des ponts, chargées de leur tragique histoire, avant de s'en aller chercher sur les côtes normandes Aurélia Steiner Vancouver, où un admirable et ultime noir et blanc filme après Auschwitz.

130 pages, 49 images.


   

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 V
Au lieu de mourir

   Cette dernière période du cinéma de Marguerite Duras est dominée par sa rencontre avec Yann Andréa. Après le sommet de réflexion politique et historique que venait de constituer Aurélia Steiner Vancouver (1979), elle s'enclôt avec lui dans le hall des Roches noires, là où fut conçue en 1974 La femme du Gange, sa première grande révolution formelle. À partir de L'homme sans qualités de Robert Musil, elle tourne d'abord Agatha et les lectures illimitées où un frère et une sœur se disent l'inceste; L'homme atlantique ensuite, visage de l'amant seul face à la mer, ultime méditation des pouvoirs et impuissances du cinéma jusqu'à l'aveuglement de l'écran noir: son dernier film, dit-elle. Une commande de la télévision italienne lui fera pourtant ouvrir encore la fenêtre magique en 1982 pour une élégie d'amour, Dialogo di Roma, l'Italie de sa formation littéraire en filigrane. En appendice, la transcription italienne de la bande sonore originale de Dialogo di Roma et sa traduction fidèle proposent la toute première version, inédite jusqu'ici, du texte écrit par Duras pour ce film.

134 pages, 44 images, 2017.


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