OUVRAGES ÉPUISÉS
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Maurice Darmon
Adieu au langage / JLG / DDD
2014, réédition
«Le propos est simple», écrit Jean-Luc Godard dans son résumé en dix lignes. Quatre mots en forme de provocation pour qui les lit après avoir vu le film, ou pour qui se sera fié aux plaintes des chroniqueurs de presse clairs et distincts, criant à la confusion mentale, la prétention alambiquée, les propos creux, quand ils ne sont pas tombés dans la migraine ophtalmique.
Lumineux comme Godard pourtant, comme l'a si bien souligné et montré Alain Bergala. Partir au contraire de l'idée que les films de Godard sont l'organisation de la clarté pour qui accepte d'abord de se donner à son film comme il s'abandonnerait aux tableaux d'une exposition, se laissant emporter par deux ordres toujours sous-jacents, celui spatial et déterminé par le génie du lieu et du scénographe et celui, plus chronologique et temporel de ses propres itinéraires, soumis aux aléas de sa patience de l'instant, de ses rêveries et oublis de soi, de ses stratégies d'isolements parmi d'autres visiteurs parfois nombreux, opaques et remuants.
Là serait le premier pas. [...]
54 pages avec images, 11 pages en couleur
Paule Palacios-Dalens
Hiroshima dans la Blanche
l'introduction de Marguerite Duras au cinéma
mars 2015.
Écrit pour Alain Resnais en 1958, le scénario Hiroshima mon amour marque l’entrée de Marguerite Duras dans le cinéma. Vingt mois plus tard, sa publication dans la fameuse Blanche de Gallimard fait du scénario un nouveau genre littéraire.
Le livre, dans sa mise en forme, classique et sans attrait manifeste, inscrit dans le principe visuel de la collection, offre un caractère d’exception pour la présence de photographies au côté du texte. Au même titre que les appendices qui racontent la genèse du film, le rapport du texte à l’image qui s’y instaure révèle, telle une surface sensible, les soubassements de son cinéma en devenir.
Un livre des origines que Paule Palacios-Dalens a choisi d’éclairer ici par un détour sur la production de l’un de ses contemporains, Jean-Luc Godard.
40 pages, 13 planches en couleur, 27 images.
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Maurice Darmon
LE CINÉMA DE MARGUERITE DURAS 5 TOMES.
tous épuisés
I.
La forêt des dames
La forêt des dames
Après le premier film d'Alain Resnais, Hiroshima mon amour (1959), et diverses adaptations de ses romans, Marguerite Duras seconde Michel Mitrani pour Sans merveille (1964), qui porte sa marque, même si elle considère La musica (1966) comme son premier film: deux histoires d'amour romanesques et privées. Puis, dans l'innocence technique et la pauvreté volontaire de moyens mais pour mettre en œuvre son urgence et sa colère politiques, elle se saisit de la caméra sans reprendre la plume de l'écrivain pendant vingt ans.
Dans le fil des événements de 1968 naissent Détruire dit-elle (1969) et son second volet Nathalie Granger (1972). Entre ces deux films, le huis clos du rare Jaune le soleil (1972) inscrit sa fable sur le passé et le présent des totalitarismes européens. Cinq damiers où de magnifiques actrices — Alexandra Stewart, Delphine Seyrig, Julie Dassin, Nicole Hiss et Catherine Sellers, Jeanne Moreau et Lucia Bosè — osent poser des mots et des gestes sur leurs désarrois intimes et civils, en accueillant sans réserve les hommes tels qu'ils sont pour cheminer coûte que coûte à l'orée de leurs désirs. Où montent peu à peu la stature de Michael Lonsdale et le nom de Stein.
130 pages, 59 images, 2015.
II
III
Les chambres noires
Après la situation extrême de Son nom de Venise dans Calcutta désert, Marguerite Duras éprouve la nécessité de renouer avec les acteurs, la narration et le dialogue. D'où ce recours à d'anciens textes écrits en 1965: Des journées entières dans les arbres (à partir d'une nouvelle de 1954) et Suzanna Andler, d'où elle tire le scénario de Baxter Véra Baxter. Dans des huis clos intimes — un appartement, un dancing, une maison de villégiature — elle anime des femmes, des conflits de paroles, de corps et de silences tendus en réalité par le colonialisme, la condition féminine, la prostitution, les oppositions de classe et l'argent. Après cet apparent détour, c'est au sein de sa propre maison qu'elle repart à l'assaut du cinéma: celle-là même qui, dans Nathalie Granger, a donné naissance à Gérard Depardieu, devenu la star virtuose emblématique de la force vitale, le cloue sur une chaise et l'amène à lire un texte, tandis qu'un camion bleu sans visible présence humaine sillonne la région parisienne, ses déserts, ses friches, ses routes, ses trains et ses spectres.
104 pages, 34 images, 2016.
IV
Ténèbre capitale
130 pages, 49 images.
Sur les cinq films d'inégale durée que Marguerite Duras tourne dans cette année 1979, si singulière dans son œuvre cinématographique, quatre franchissent le seuil du bois de Boulogne et entrent pour la première fois dans Paris pour la traverser d'est en ouest. Elle parcourt en voiture les berges du fleuve, les façades, les avenues et ses places, les tombes du Père-Lachaise aussi dans Le Navire Night, s'abandonne à la photogénie solaire des statues des Tuileries avec Césarée, puis se remet en chemin à la rencontre des balayeurs et des travailleurs de l'aube sur les grands boulevards dans Les mains négatives. Et c'est en péniche que, pour Aurélia Steiner Melbourne, d'amont en aval elle traverse la capitale sur les eaux de la Seine et sous les pierres des ponts, chargées de leur tragique histoire, avant de s'en aller chercher sur les côtes normandes Aurélia Steiner Vancouver, où un admirable et ultime noir et blanc filme après Auschwitz.